Aussi loin que remonte sa mémoire, Victor Cartier a toujours vu une auto de course dans le garage de la maison familiale. En effet, son père, Denis Cartier, a débuté en rallye l’année de sa naissance.
Il n’en fallait pas moins pour que Victor tombe amoureux de ce sport et prenne sa première licence à l’âge de 16 ans, pour débuter comme copilote aux côtés de son papa.
Une fois le permis en poche, Victor change de baquet et passe derrière le volant. Sa première voiture est une Toyota Yaris du groupe A et de classe 5. C’est avec elle qu’il remporte la victoire de classe à la coupe de France en 2016.
À partir de là, Victor passe à la Fiesta R2 pour tenter de remporter le championnat de France junior. Après 3 saisons, il obtient une belle 2ème place au général dans ce championnat.
Pour Victor, il est temps de franchir une étape, et pour lui, l’idée est simple : pour progresser dans son pilotage, il doit passer à l’apprentissage de la conduite d’une 4 roues motrices.
Mais il n’a pas les moyens d’acheter où de louer régulièrement une R5. Comme il venait de finir ses études d’ingénieur en conception mécanique, et qu’il avait effectué tous ses stages dans le sport auto, le kit R4 s’est présenté comme la solution la plus crédible.
Il a alors décidé de concevoir et réaliser entièrement sa propre voiture, avec un budget limité. Pour la réalisation de ce projet, Victor a jeté son dévolu sur… La Toyota Yaris !
« Depuis mes débuts, je roule en Yaris A5. Ce sont des voitures géniales, amusantes et performantes ! (D’ailleurs elles sont à vendre s’il y a des intéressés !) Toyota étant présent en WRC avec la Yaris et n’ayant pour le moment pas de voitures clients de ce type, celà nous paraissait évident. Nous avons contacté l’usine Toyota de Valenciennes (ils produisent toutes les Yaris pour l’Europe), nous leur avons présenté le projet, et ils nous ont aidé en nous offrant une Yaris et une caisse ! L’aventure commence alors… »
Victor nous détaille : « La base du projet, c’est véritablement la caisse. Il y a un travail énorme à faire. C’est l’étape qui prend le plus de temps tout au long du projet. Décaper la caisse de série, la mesurer à l’aide d’un bras de métrologie, la scanner avec un scanner optique 3D, implanter le kit R4 dans la caisse, concevoir l’arceau, faire des crash test sur l’arceau, concevoir toute la tôlerie (passages de roues, caisson de réservoir, supports moteur, supports de sièges, supports berceaux, etc…). Concevoir et réaliser le marbre, découper la caisse, réaliser la tôlerie et l’arceau, tout mettre en place dans la caisse, souder, etc… Tout a été réalisé avec l’aide de la société Bavoysi à Champagnole. Sans compter le montage à blanc qui implique quelques modifications sur la caisse, il y a environ 4-5 mois de travail.
Autant de temps pour une caisse, c’est très long. Je suis partie de rien derrière mon ordinateur. Tout était à faire. J’ai donc fait quelques erreurs, parfois j’ai perdu quelques jours de travail parce que ce n’était pas la bonne solution. C’est la toute première fois que je fais ça, et j’étais en autonomie complète, mais c’est peut-être la meilleure façon d’apprendre. Il y a évidemment des jours où je me suis arraché les cheveux, mais je n’ai jamais lâché prise. À chaque étape faite, je savais que je me rapprochait du but. »
Pour les spécifications techniques, c’est un kit R4. Le moteur est imposé, et il s’agit de celui de la 308 Gti, un 1,6 Turbo développant 270cv d’origine. Victor a fait appel à ORC Moteurs pour en tirer le maximum.
Les transmissions sont tirées de la Fiesta R5. L’avantage du kit R4, c’est que les amortisseurs sont libres. Et aujourd’hui, la performance d’une voiture de rallye se joue véritablement ici. C’est pourquoi il a fait appel à Donerre Suspension. Donerre est la référence en rally raid et ils veulent s’impliquer dans le monde du rallye. C’est un partenaire majeur dans le projet puisqu’ils ont accepté de développer les amortisseurs terre et asphalte spécifiques pour la Yaris R4, avec toutes les dernières technologies brevetées qu’ils possèdent ! Ces technologies ne sont même pas sur les WRC actuelles. Ils ont des moyens très puissant pour modéliser informatiquement le comportement de la voiture avant même les séances d’essais. Et pour les pneus, Victor a choisi de faire confiance à Michelin !
Avec cette voiture, Victor a pour objectif de progresser jusqu’au plus haut niveau. Pour celà, il faut se tourner vers l’international. C’est pourquoi son programme 2021 sera majoritairement composé de rallyes en WRC et en ERC, aussi bien sur terre que sur asphalte. Quelques manches françaises sont aussi au programme car Victor a besoin de rouler et d’apprendre. Mais la priorité sera le mondial.
La réalisation de ce projet est absolument magnifique, et nous avons hâte de voir débuter cette Yaris sur les routes du WRC.