Les Legend Boucles @ Bastogne constituent une épreuve à part, différente, et terriblement exigeante. L’édition 2023 n’a pas fait exception, bien au contraire ! Avec une liste d’abandons tout simplement impressionnante, et des rebondissements permanents, le scénario était une fois encore improbable. Et comme en 2011, Stefaan Stouf et Joris Erard ont fait irruption pour doubler la mise au palmarès du plus grand rallye de Belgique exclusivement réservé aux voitures anciennes…
Bien garnie, la liste des favoris des Legend Boucles @ Bastogne 2023 l’était assurément ! Mais dès les premiers kilomètres de l’étape de samedi, l’écrémage débutait. Coup sur coup, Fred Caprasse (Ford Escort Mk2, moteur), Ghislain de Mévius (Ford Escort Mk2, crevaison) et Marc Duez (Ford Escort Mk2, freins) perdaient du temps, voire toutes leurs illusions dans le cas du premier nommé. Pendant ce temps, François Delecour (Ford Escort Mk2) signait le premier scratch du week-end, rapidement débordé par Cédric Cherain (Ford Escort Mk2) au classement général.
Au cap de la mi-journée samedi, c’était la stupéfaction avec le retrait de Delecour, dont l’Escort rencontrait des soucis d’injection. Excellent 3ème du classement général provisoire, Olivier Cartelle (Ford Escort Mk2) était trahi par une bobine d’allumage sur la liaison menant à l’ultime RT de la journée. Entre-temps, Bernard Munster (Porsche 911) avait été contraint de procéder au changement de sa boîte de vitesses, le débutant Tom Boonen (Porsche 911) avait souffert du côté de l’embrayage, tandis que Frédéric François (Ford Escort Mk2) finissait lui aussi par tomber, victime de sa boîte de vitesses !
Résultat : Cédric Cherain était un solide leader samedi soir devant Stefaan Stouf (Ford Escort Mk1) et Christophe Daco (Ford Escort Mk2).
Si l’étape dominicale débutait par l’annulation du RT11 pour raisons de sécurité, Cherain donnait l’impression de parfaitement gérer son avance. Jusqu’au RT13 à Sainte-Ode, où le pont arrière de son Escort Mk2 cassait à la réception d’un jump !
Comme Olivier Cartelle n’était pas reparti ce dimanche matin, et que Patrick Snijers, coqueluche du public au volant de son impressionnante Chevrolet Corvette C3 Stingray, brillait par son absence au moment de la relance, le groupe des hommes forts de ces Legend Boucles fondait comme neige au soleil, alors que la météo continuait d’être désagréable, le froid, la pluie et le vent se disputant la vedette.
Dans ces conditions, Stefaan Stouf et Joris Erard ne laissaient pas passer l’occasion de doubler la mise au palmarès de l’épreuve, ajoutant une deuxième victoire douze ans après la première. Spécialiste de la Ford Escort Mk1, dont son exemplaire est sans doute l’un des meilleurs d’Europe, le pilote ostendais, malchanceux l’an dernier, a confirmé ce week-end qu’il reste l’un des grands spécialistes des rallyes historiques au format XXL !
« La dernière spéciale était vraiment délicate, et nous avions peur de revivre la crevaison de l’an dernier, commentait Stefaan Stouf au dernier TRC. Il y avait de grands noms au départ, mais pour espérer gagner, il faut d’abord terminer ! On a évité les bêtises d’un bout à l’autre du week-end. Gagner deux fois les Legend Boucles, c’est bien au niveau du palmarès. Il s’agit d’un rallye de grande renommée, et renouer avec la victoire douze ans plus tard, c’est très chouette… »
Preuve ultime du côté imprévisible des Legend Boucles @ Bastogne, alors qu’on pensait le top 3 général figé, l’ultime RT, les 22 kilomètres de Lunch Garden Libramont, voyait Guino Kenis et Bjorn Vanoverschelde (BMW 325i E30) sortir l’artillerie lourde, pour signer un chrono d’anthologie lui permettant de prendre le meilleur sur les Escort Mk2 de Christophe Daco et Emile Breittmayer ! Magique…
« La spéciale était longue de 22 kilomètres, mais pour moi, elle aurait pu en compte 40, souriait Guino Kenis au bout de l’effort. Nous avions décidé de terminer l’épreuve en force, et je suis satisfait du résultat ! Never give up ! »
Ayant été victime d’une crevaison à mi-parcours dans cette ultime spéciale, Christophe Daco glissait de la 2ème à la 3ème place… pour 3 petits points seulement ! Désormais copiloté par Steven Spittaels, le citoyen de Léglise confirmait néanmoins son podium de l’an dernier. « Pour espérer signer un résultat à Bastogne, il faut aussi un peu de réussite, analysait Daco. Tout en prenant grand soin de la mécanique, et en chouchoutant les mécaniciens, qui abattent un travail de folie au cours d’un tel week-end. »
Quant à Emile Breittmayer, il échouait au pied du podium, avant tout satisfait de passer le podium avec une voiture intacte. « Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de rouler sur une telle surface par le passé, et cette dernière spéciale était totalement folle, commente le jeune pilote. Nous étions tout le temps en travers, mais nous n’avons pas commis d’erreur ! Quelle épreuve ! »
Excellente prestation de Sébastien Incardona (Ford Escort Mk2) et son copilote Christophe Poës. Auteur d’un écart de trajectoire dans le deuxième passage de La Roche-en-Ardenne samedi après-midi, Incardona n’a jamais rien lâché, ce qui se traduit par un plantureux top 5 absolu !
C’est finalement Ghislain de Mévius qui a complété le top 6 final, après s’être montré le plus rapide dans Lunch Garden Libramont. Une belle consolation pour le pilote G Rally Team après la crevaison de début d’épreuve et les difficultés rencontrées tout au long de la première journée au volant d’une voiture au comportement altéré.
Quant aux Français Eric Mauffrey et Anne Brahy (Ford Escort Mk2), ils ont pu goûter aux spécificités et difficultés des Legend Boucles @ Bastogne, terminées en 7ème position. « J’ai toujours eu un faible pour les épreuves difficiles, et franchement, à Bastogne, c’est très difficile, expliquait Mauffrey dimanche midi. En France, il y a parfois deux virages qui ne sont pas ‘propres’ sur une spéciale. Ici, il n’y en a même pas deux qui affichent plus de grip que les autres ! Quel parcours ! »
Le duo hexagonal devançait Fred Bouvy et Jean-Louis Hottelet (Ford Escort Mk2), qui n’ont rien lâché jusqu’au dernier mètre, Johnny Delhez et Eddy Gully (Ford Escort Mk2), très fiers d’avoir intégré le top 10, mais aussi Nicolas Blerot et Melissa Poncin (Peugeot 205 GTi), impressionnants d’aisance avec leur lionne.
Parmi les ultimes victimes de l’épreuve, on pointe John Wartique et Vincent Duchesne (Ford Escort Mk1), auteurs d’un écart de trajectoire dans l’ultime RT, au cours duquel ils avaient décidé de hausser le rythme. Résultat : une voiture bloquée pendant de longues minutes, et une glissade au 13ème rang général derrière Christophe De Leeuw et Rutger Govaerts (Opel Ascona A), mais aussi Olivier Breittmayer – le papa d’Emile – et Pierre Sibille (Ford Escort Mk1).
Blerot fulgurant en ‘Youngtimers’
Victimes d’un bris de goujons de roue samedi soir alors qu’ils menaient allègrement la catégorie ‘Youngtimers’, Charles Blerot et Antoine Dauby (BMW 325i E30) ont passé la surmultipliée ce dimanche pour remonter vers le sommet du classement, rééditant leur victoire de 2022. Le duo à la bavaroise a pris le meilleur sur l’impressionnante Opel Omega 3000 de Stéphane Hubin et Eric Defourny, qui savent désormais à quoi s’en tenir. Et qui sont bien décidés à tout mettre en œuvre pour s’imposer l’an prochain. C’est la BMW 320i E30 de Simon et Paul Puype qui a complété le top 3 final.
Crevaison pour Van Hove, victoire pour Magerotte
De rebondissement, il en aura aussi été question en ‘Challenger’, où l’Alfa Romeo GTV6 de Dimitri Van Hove et Lionel Windeshausen, qui filait vers la victoire, a été victime d’une crevaison dans l’ultime RT ! Il n’en fallait pas plus pour que d’autres régionaux, en l’occurrence Michael Magerotte et Arnaud Hennuy, imposent leur Ford Escort Mk2 devant la version Mk1 de Jancôme Theis et Laurent Perrée, revenus de nulle part après la pénalité engrangée la veille pour avoir traversé trop rapidement une Slow Zone. Le podium est complété par Gaëtan Monseur et David Hanquet (BMW 325i E30), trop heureux de leurs grands débuts dans la catégorie à 80 km/h de moyenne. Quant aux infortunés Van Hove et Windeshausen, ils échouaient en 5ème position, derrière Bruno et Florent Nielen (BMW 325i E30).
Schoonbroodt et Gehlen en hommage à Joseph Lambert
En ‘Classic 65’, l’augmentation de la moyenne a donné du fil à retordre à la majeure partie des équipages, surtout dès l’instant où des Slow Zones étaient de mise. Il a dès lors fallu attaquer pour espérer l’emporter. Déjà leaders samedi soir, Gaëtan Schoobroodt et François Gehlen (Ford Escort Mk1) ont confirmé ce dimanche, rendant de la sorte un superbe hommage à Joseph Lambert, qui nous a quittés il y a quelques jours à peine…
« C’est Joseph qui m’a tout appris de cette discipline, commentait Gaëtan Schoonbroodt sur la Place McAulife. Cette bande pare-brise lui rendant hommage, c’était une initiative de tous ses proches. Cette victoire est pour lui, même si je ne pourrai plus lui envoyer un e-mail pour lui raconter notre course, comme je l’ai fait à maintes reprises par le passé… »
Comme le veut la tradition, les écarts sont restés très faibles d’un bout à l’autre de l’épreuve. Eric Gengou et Didier Gathy (Volvo 142 S) se sont offert la médaille d’argent, conservant le meilleur sur Claude Ninane et Christophe Simon (Opel Kadett C), trop heureux de ce podium alors qu’ils revendiquaient un top 10.
Les Français Christophe Baillet et Pierre Colliard (Ford Escort Mk2) ont échoué juste en dehors du top 3, satisfaits d’être arrivés au bout, qui plus est devant Michael Weiller et Anne Meunier (BMW 1602), Benoît et Denis Regnier (BMW 323i), Michel Gillard et Jennifer Hugo (BMW 323i), ainsi que le Français Christophe Berteloot, associé à Baptiste Gengoux (Porsche 911).
Duel en ‘Classic 50’
Le chassé-croisé a été intense en ‘Classic 50’ entre des personnes qui s’apprécient et qui ont pris bien du plaisir à se disputer la victoire. Vainqueurs l’an dernier, Dominique Dufrasne et Isabelle Dogné (BMW 323i) ont eu le dernier mot face à Patrice Simon et Christian Bernard (Porsche 924). Le top 3 était complété par Boris et Arthur Vinette (BMW 2002 Tii), qui ont pris le meilleur sur la Saab 99 de Thierry et Michael Demortier, ainsi que la Renault 5 Alpine de Rik Dumortier et Pablo Cracco.
Quant au mot de la fin, nous le laisserons à Tom Boonen, qui a disputé ce week-end son tout premier rallye au volant de la Porsche 911 SC RS BMA. « De tout ce que j’ai fait en sport automobile, c’est ce qu’il y avait de plus amusant. Vraiment, cela m’a beaucoup plu… »
Rideau sur les Legend Boucles @ Bastogne 2023, qui ont renoué avec le succès populaire. Vivement la suite…