Après 10 ans aux côtés de différents pilotes dans les différentes formules de promotion Françaises (Challenge C2, Clio Cup, Volant 206, 207) ainsi qu’aux côtés de Romain (Suzuki Rallye Cup, Supercoupe, Trophée Twingo R1, Opel Adam Cup), c’est au Rallye du Mont-Blanc 2015 que sans le savoir, nous prenions le départ de notre dernière manche. Sans même la voir venir, la trentaine avait largement sonné à notre porte et, il était temps de se consacrer à nos projets personnels et professionnels, du moins pendant un temps.
Nous n’avions néanmoins depuis jamais complètement cessé de rouler et avons consacré notre petit budget à la réalisation de plusieurs rêves : participer au Rallye Monte-Carlo, un souvenir inoubliable ; et de mon côté, prendre le volant : ce qui fut le cas sur deux Rallyes de Championnat de France (souvenirs inoubliables également… surtout pour mon assureur). Le tout en consacrant notre « temps libre » à la création et le développement d’une société spécialisé dans l’événementiel et la communication en sport automobile (C-Kub Events (Oui, je fais ma pub, j’ai le droit, c’est mon résumé)).
Cependant, malgré un tas de beaux projets, le plaisir intense que nous avait toujours apporté les Rallyes en formules de promotion nous avait toujours manqué, même si nous avions fini par presque réussir à nous auto-persuader du contraire.
Fin 2019, lors des annonces des différents constructeurs de leurs nouvelles formules prévues pour 2020, nous avions déjà commencé à évoquer ensemble le fait de peut-être reprendre part à une formule, sans non plus s’emballer plus que ça. Nous avions néanmoins réalisé une assez bonne année professionnelle, nos sponsors répondaient toujours présents et tout était alors envisageable. Malheureusement, le pangolin avait vu les choses autrement…
Nos deux activités professionnelles, toutes deux avouons-le « inutiles à la société » ont malheureusement subi la crise du Covid-19 de plein fouet. Les Rallyes eux-mêmes ayant été terriblement impactés, rouler n’était évidemment plus une priorité, ni même une envie et encore moins une possibilité.
Quand la reprise de la saison du Championnat de France a été annoncé pour le Rallye du Mont-Blanc. Nous avions totalement intégré le fait qu’il n’était absolument pas question d’envisager rouler cette année. Situation trop incertaine, finances trop impactées… je nous entends encore nous dire, comme pour se conforter de la situation « super, cette année au Rallye du Mont-Blanc ce sera de vraies vacances ! » « Tu as vu, ils sont tous à fond avec les nouvelles formules, je crois que je n’aurais plus le moral ni l’envie de faire ça – oui, moi non plus » … Tu parles !
Finalement, la vie a repris tout doucement son cours. Même masqués, les idées et envies sont peu à peu revenues. Fin juillet, les réseaux sociaux ont commencé à être inondés de messages de tous les équipages impatients d’être au Mont-Blanc. Et puis un soir… j’ai craqué… sans trop savoir pourquoi, j’ai publié une annonce pour trouver un pilote (même si au fond, il n’y a qu’un seul pilote avec qui j’avais réellement envie de rouler). Dans le quart d’heure qui a suivi Romain m’a dit « ah tu m’as chauffé, je suis en train de demander des devis pour rouler Clio ». Le lendemain, il rentrait du travail en m’annonçant qu’il avait trouvé une équipe, que nos sponsors étaient motivés et que je pouvais préparer l’engagement… (aucune volonté les gars !)
Moins de 48h après, Il était donc acté que nous prendrions le départ de la première manche du tout nouveau Clio Trophy au sein du Team Fun Meca Sport. Quelques jours plus tard, Romain se rendait du côté de Saintes, pour rencontrer notre équipe et essayer cette nouvelle voiture, fraîchement sortie des ateliers Renault Sport. De mon côté, je me remettais doucement d’une névralgie cervico-brachiale (que je m’étais faite en passant 3 jours la tête baissée sur un puzzle… un puzzle ??? sérieusement ???… Bref). Il en reviendra ravi et agréablement surpris par le potentiel de la voiture ainsi que la par la gentillesse et le professionnalisme de l’équipe.
A peine un mois pour boucler le budget, essayer de perdre quelques kilos parmi ceux pris pendant le confinement, préparer notre départ. Un mois au cours duquel nous découvrons le plateau extraordinaire qui sera au départ de cette première manche : Boris Carminati, Romain Di Fante, Victor Cartier, Quentin Ribaud, Antoine Massé, Guillaume Canivenq, Rémi Jouines… et bien d’autres. Un mois à se demander où nous pourrons bien nous situer au milieu de tous ces noms prestigieux (« on vise un top 5, mais si nous sommes dans les 10 ce sera beau ! » qu’on disait…) Certains nous voient déjà sur le podium, d’autres plutôt en fin de première moitié de classement. Peu importe finalement… nous n’avons pas d’objectif puisque ce sera un one-shot… si ce n’est de se faire plaisir et de voir ce qu’il est encore possible de faire à nos grands âges.
Nous partons donc sereins direction Morzine pour les reconnaissances : une formalité ! 9ème participation à ce Rallye pour Romain, 17ème pour moi (je ne sais pas combien ça fait de passages dans Joux Plane ça !).
Au cours de nos 3 uniques jours de vacances cette année, nous étions conviés à une nouvelle séance d’essais du côté de Menthières, dans l’Ain où j’ai enfin pu découvrir cette nouvelle Clio. Comme Romain, je suis très agréablement surprise : tout d’abord par son châssis, absolument fabuleux et, de par le fait, ses impressionnantes vitesses de passage en appui. Après un an d’arrêt complet de la compétition, le doute s’installe, vais-je encore y arriver ? Trop tard pour reculer… il faut y aller !
Un petit dernier jour de vacances puis vient la journée vérifications. Un peu « absents » cette année de tous les « à-côté », par prudence vis-à-vis du Covid, nous avons pu, Romain et moi en profiter pour nous préparer plus que sérieusement : notes, vidéos, sommeil… nous abordions finalement ce Rallye dans de très bonnes conditions sans même nous en rendre compte.
Vendredi, le départ du Rallye est enfin donné. Le timing est totalement inédit et la course commence par la très redoutée Côte-d’Arbroz. Une sacrée spéciale pour un redémarrage. Un peu tendue de mon côté, Romain est lui très à l’aise… aucune erreur, sans non plus « trop » de prise de risques : 3ème temps de la coupe… on ne va pas se mentir, c’est une surprise pour tout le monde, pour nous les premiers. Nous n’aurions jamais osé l’imaginer, même dans nos rêves les plus fous.
Malgré des années d’arrêt, c’est comme si nous avions repris directement au niveau où nous nous étions arrêtés. Et c’est un réel plaisir. La journée se passe sans surprises, pas de casse, pas de panne. Tout fonctionne à merveille, la voiture est fabuleuse. Les classements ressemblent à s’y méprendre à une manche de l’Opel Adam Cup. Quel bonheur de retrouver les copains de l’époque. C’est finalement ça qui nous manquait tant.
Au départ de la dernière spéciale du jour, nous sommes toujours 3ème. Néanmoins un peu inquiets, nous partons 21ème de la Coupe Clio, nous roulerons quasiment de nuit alors que les premiers avec qui nous nous battons sont passés de jour. Nous faisons le job, et gardons finalement notre position sur le podium pour terminer l’étape.
Le lendemain, nous partons confiants mais pas forcément sereins. Rien n’est gagné, les rythmes augmentent de spéciales en spéciales et certains équipages remontent dangereusement, notre objectif est de maintenir notre place sur le podium, le leur est de nous prendre la place.
Quelle stratégie adopter ? Nous savons que nous ne sommes là que pour une seule manche. Prendre des risques ou assurer pour ramener la voiture entière à tout prix ? Finalement une fois que le casque est sur la tête, la question ne se pose plus, c’est le podium qu’il faut assurer. Tout le monde compte sur nous. Cette journée est à l’image de celle de la veille, nous roulons en nous faisant plaisir, sans faire de grosse erreur (les écarts sont microscopiques, une crevaison, une touchette, un tête à queue… nous ferait faire un bond arrière définitif dans le classement). Au départ de la dernière spéciale, nous n’avons plus que 7,5s d’avance sur le quatrième (qui n’est autre que Guillaume Canivenq, ex Champion de France des Rallyes)… autant dire que la pression est là. Une spéciale psychologiquement interminable ! Nous parvenons néanmoins à maintenir l’écart et terminons ce Rallye à cette 3ème position maintenue presque tout le Rallye (nous sommes passés furtivement 2ème, mais, comme à l’époque de l’Opel Adam Cup, Rémi Jouines aura été plus rapide que nous).
Comment exprimer notre joie, après tant d’années sans rouler à ce niveau. Après tant d’années à s’entendre dire que notre victoire en Supercoupe et nos podiums en Opel Adam Cup n’étaient dus qu’à la « pauvreté » des plateaux… cette fois-ci, sans prétention aucune, je peux affirmer que la performance est là. Que malgré l’état d’esprit « cool » avec lequel nous avons abordé ce Rallye, nous avons tout donné, aussi bien physiquement que mentalement. En tout cas de notre côté, cette 3ème place restera l’une des plus belles de notre « palmarès ». Nous espérons que toutes les personnes qui nous ont fait confiance et qui nous ont permis d’être là sont du même avis.
Et la suite alors ? (c’est LA question du moment).
Juste avant la course, quelqu’un nous a demandé ce que nous ferions si nous étions sur le podium. J’ai répondu en pensant que cela n’arriverait évidemment pas, que nous serions bien embêtés puisqu’il serait évident que l’envie de recommencer serait là, sans en avoir la possibilité.
Plusieurs problèmes se présentent à nous. Le plus gros étant financier (et donc décisif). Sans vouloir faire pleurer dans les chaumières et tout en sachant qu’il est plus que confortable de n’avoir comme problème « que » de ne pas pouvoir faire un rallye, nous ne pouvons pas faire abstraction du fait que nous n’avons pas travaillé pendant 2 mois et que nous en sommes évidemment impactés.
C’est également le cas de nos sponsors. Ils ont, malgré la situation économique, joué le jeu pour le Mont-Blanc, il n’est pas envisageable pour nous de les solliciter à nouveau cette année.
Enfin, le dernier problème est celui du temps. Les rallyes ayant été décalés, les manches se suivent à 3 semaines d’intervalles. Dans le même temps, nous essayons de travailler le plus possible puisque nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Même si nous avions le budget, nous ne pourrions pas nous libérer toute une semaine pour la seconde manche. En revanche, même si cela n’était pas prévu au départ, nous envisageons de peut-être (j’ai bien dit peut-être) prendre le départ d’une autre manche cette année, une fois de plus, pour le plaisir. Après ce n’est pas un secret, nous aimerions bien faire un retour sur une saison complète dans les années à venir. Ce ne sera pas forcément facile, mais nous allons y arriver. Bref, pour cette année, rien n’est définitif et tout peut encore changer, après tout, il y a à peine un mois je n’aurais jamais pensé avoir à écrire ce résumé.
Quoi qu’il en soit, je conclurai sur cette phrase : « Les vieux sont toujours là et pour encore longtemps ! »
Il est maintenant venu le temps des remerciements :
Tout d’abord à nos 3 sponsors, qui répondent présents chaque année depuis maintenant fort longtemps et, sans qui nous ne pourrions rien faire du tout : Iser’sol, Rétro Assurances et Illico Intérim.
Toute l’équipe de Fun Meca Sport. Nous avons passé un Rallye fabuleux à vos côtés et été très impressionnés par le professionnalisme de toute l’équipe. La voiture, la structure, l’équipe… tout était plus que parfait. Merci à vous.
Merci également à tous ceux qui nous ont encouragés, félicités, poussés dans nos retranchements… vous nous avez fait très plaisir !
Et enfin, merci à Renault Sport pour l’organisation de cette magnifique coupe. Ce n’est que le début, mais cette formule promet de magnifiques années.
Il est maintenant temps pour nous de retourner travailler à tous nos projets, parmi lesquels le Rallye retrouve sa place. Donc qui sait, à bientôt peut-être 😊
Et en bonus l’ES 11 de ce magnifique rallye du Mont Blanc !