Malgré le confinement et les multiples reports, c’est une saison chargée que devrait vivre Nicolas Ciamin avec un programme en avec la C3R5 de DG Sport en mondial, un programme partiel sur circuit et des épreuves ici ou là comme à Bastogne avec une BMW M3. Il est temps de partir à sa rencontre en cette période de confinement pour faire un point sur son début de saison, sa préparation et faire aussi un petit retour sur quelques faits de sa carrière…
Rallye – Infos : Bonjour Nicolas, nous sommes toujours et encore plus en confinement. Comment cela se passe pour toi et quelle est ta préparation pour continuer à garder la forme ?
Nicolas Ciamin : J’ai la chance d’avoir une petite maison avec un jardin, c’est plus agréable que d’être en appartement. Je reste chez moi toute la journée sauf pour aller faire du cardio ou je vais autour de chez moi. Je fais beaucoup de simulateur et j’ai de quoi faire du sport chez moi donc je peux m’entretenir même si évidemment ce n’est pas aussi bien que de pouvoir aller à la salle avec mon coach sportif. Je lis un peu également et j’en profite aussi pour faire du boulot dans le jardin. J’essaye de m’occuper, mais c’est vrai que la situation donne tendance à ne rien vouloir faire.
Rallye – Infos : Ce fut un début de saison très riche avec déjà une très belle seconde place en WRC3, peux tu revenir sur ce Monté Carlo qui a parfaitement lancé ta saison…
Nicolas Ciamin : Effectivement c’est un bon résultat pour commencer la saison et de bons points pour le championnat. Comme je l’ai dit cela a été une course plutôt frustrante car il fallait absolument ramener la voiture, j’étais toujours un peu sur la retenue. Les quelques spéciales où je me sentais vraiment bien et où j’ai mis plus de rythme, j’ai eu à chaque fois des soucis. Une fois, un problème avec la calibration de la pédale d’accélérateur, la voiture restait accélérée, dans la suivante je passe plus de 10 kms derrière Stéphane Sarrazin et pour finir je crève dans l’autre. Tout cela s’est passé dans la même journée. C’est dommage, car j’étais très bien aux splits dans ces trois spéciales mais cela n’aurait pas changé grand chose au classement final. C’est juste dommage de ne pas avoir pu faire de très bons temps pendant le rallye. Au final tout le monde était content, c’est toujours bien de démarrer la saison comme ça.
Rallye – Infos : Tu découvrais en plus la C3 R5, quelles sont les différences de la C3R5 avec la Polo ou la Skoda avec lesquelles tu as déjà roulé ?
Nicolas Ciamin : Au niveau du moteur, la C3 a un peu moins d’allonge, mais c’est celle qui a le plus de couple, donc ça s’exploite un peu différemment, on peut descendre très bas dans les tours. Le moteur est vraiment agréable. Au niveau du chassis, le comportement est un peu différent des deux autres, par exemple au niveau des amortisseurs. L’habitacle est vraiment bien pour le pilote car on a une très bonne visibilité, et tout tombe bien sous la main. J’ai la meilleure position de conduite que j’ai pu avoir dans une voiture jusque là. Le feeling au niveau des freins est très bon également.
Rallye – Infos : Puis ce fut un détour imprévu en Belgique avec une BMW M3, aux légendes Boucles de Bastogne. Les routes Belges sont compliquées, que gardes tu de cette expérience ?
Nicolas Ciamin : Que si c’était à refaire dans le même timing, je ne le referais pas ! Mais tout s’est décidé à la dernière minute, on m’a appelé pour remplacer Craig Breen. Je n’avais pas encore complètement récupéré du Monte-Carlo et j’étais en essais d’un prototype LMP3 sur circuit et il a fallu que je parte dès le lendemain matin très tôt. J’étais vraiment épuisé en arrivant là bas. Néanmoins avec Yannick, qui adore le VHC, on a pris beaucoup de plaisir avec cette voiture qui était géniale. Les spéciales étaient belles, la météo était bien belge. Ca ressemblait un peu au Touquet mais en pire. Il y avait une belle ambiance et on a été très bien accueillis. Le deuxième jour, les spéciales se disputaient sur terre avec des notes fournies par l’organisateur, une première pour moi. Et c’était vraiment très rapide par endroits, c’était assez impressionnant mais c’était intéréssant. Malheureusement la voiture n’était pas adaptée car nous étions en configuration asphalte, contrairement à beaucoup d’autres, et comme nous étions obligés d’utiliser des pneus neige du commerce, on a crevé plusieurs fois. Evidemment que je le referais en étant en forme, cette voiture est vraiment plaisante à conduire !
Rallye – Infos : Tu as vécu une très belle période qui a vraiment fait décoller ta carrière avec l’Abarth 124 du Team Milano, peux tu nous en parler et surtout que retiens tu de cette voiture ?
Nicolas Ciamin : Pour l’équipe, moi même ainsi qu’Abarth France, c’est un excellent souvenir. Déjà c’était valorisant d’être choisi pour représenter la marque en championnat de France. Je suis également fier de ce que nous avons réalisé avec l’équipe pour rendre la voiture performante et fiable. L’équipe a beaucoup bossé sur la fiabilité, PKM a retravaillé les amortisseurs et avec leur aide et mon feedback sur les séances d’essais, nous l’avons faite progresser pendant presque toute la saison 2018 pour arriver à quelque chose qui pouvait faire régulièrement des temps dans le top 5 du Championnat de France, peu l’aurait cru. Cette voiture m’a également donné pas mal de crédit en France, et elle m’a apporté également au niveau du pilotage, car elle reste malgré tout difficile à maitriser mais vraiment plaisante pour moi qui adore les propulsions.
Rallye – Infos : C’est un fait, le calendrier va être totalement chamboulé et ton programme aussi par conséquent, il va falloir s’adapter. Tu penses que les annulations pourraient t’ouvrir des portes sur d’autres épreuves comme en France ?
Nicolas Ciamin : Pour l’instant ce n’est pas l’objectif, ma priorité reste le WRC. On ne sait pas trop ce qui va se passer, donc pour l’instant je ne prévois pas plus d’épreuves en France. J’aimerais faire le Haut Pays Niçois en fin d’année, qui est le rallye de mon ASA, peut-être d’autres épreuves pourraient s’ajouter selon le budget et les opportunités mais pour l’instant rien de décidé et ce n’est pas la priorité. J’ai également un programme partiel en circuit cette saison, mais je ne sais pas non plus comment cela va évoluer.
Rallye – Infos : Tu as déjà gagné avec une très belle victoire au Touquet en 2019, tu avais les moyens de t’imposer en France, pourquoi avoir opté pour un programme en mondial au lieu de jouer le titre en France ?
Nicolas Ciamin : L’an dernier déjà, l’objectif était de pouvoir rouler en WRC. Le Touquet était au départ seulement un « one shot ». Comme nous n’avons pas trouvé le budget pour faire une saison de WRC2, on s’est tourné vers le Championnat de France, surtout après le Touquet qui a déclenché des aides pour continuer dans le championnat, notamment via Yacco à partir du rallye d’Antibes. Mais cette année, nous avons réussi à monter un programme en WRC grâce à mes partenaires habituels, DG Sport et Citroën Racing. Le meilleur moyen de se faire remarquer pour espérer aller en WRC, c’est le WRC 2 ou 3. Et il est également très important de rouler sur la terre.
Rallye – Infos : En parlant du Touquet, cela reste un beau souvenir, le plus beau peut être ?
Nicolas Ciamin : Mon plus beau souvenir reste toujours ma victoire en JWRC lors du rallye de Finlande 2017, mais le Touquet est certainement le second. C’est un très beau souvenir également.
Rallye – Infos : Merci Nicolas et prends soin de toi et de tes proches dans cette période.
Nicolas Ciamin : A bientôt…