Quand on parle de Simca Rallye 3, c’est souvent le nom de Jean Michel Chol qui revient et cela depuis quarante ans. Au bord des spéciales de la Côte d’Azur, tout le monde l’attend pour le voir passer, le rallye c’est une passion que dire sa passion. Une entrevue de deux heures avec lui pour parler du « Rallye » au sens noble du terme, celui des copains, des souvenirs et de la générosité. Sa passion et sa gentillesse sont à la mesure de son talent. Rencontre avec le pensionnaire de l’ASA BTP Mr Jean Michel Chol !
Rallye – Infos : Bonjour Jean Michel, merci de répondre à nos questions, avant toute chose Jean Michel Chol c’est combien de rallyes ?
Jean Michel Chol : Bonjour, j’ai commencé à courir en 1978, c’est donc plus de 400 rallyes et courses de côte, je ne sais pas exactement, je suis pas très bon avec les chiffres mais ça doit faire ça.
Rallye – Infos : Jean Michel Chol, sonne toujours avec Simca, pourquoi avoir toujours couru avec cette voiture ?
Jean Michel Chol : Je n’ai pas toujours couru qu’avec elle, j’ai couru aussi sur un GT Turbo, une 205 GTi et une BMW, mais pour en revenir à la Simca au départ en 1978 c’était la voiture à la mode, une voiture compétitive et peu chère. Puis j’en suis tombé amoureux et j’ai eu des résultats intéressants avec. C’est vraiment une voiture pas chère à faire rouler. Je dis souvent avec les voitures modernes c’est un rallye avec 8 pneus moi c’est 4 pneus pour 8 rallyes. Alors certes la voiture est plus joueuse mais elle supporte assez bien les vieux pneus. Puis enfin je n’ai pas les moyens de louer une voiture et le budget de la saison serait dépensé pour un seul rallye et la saison finie. Enfin, passer à une autre voiture je ne sais même pas si j’irai aussi vite, la Simca j’y suis bien dedans.
Rallye – Infos : Qu’est ce qui fait courir encore Jean Michel Chol en 2020 ?
Jean Michel Chol : C’est la passion, la passion du rallye car tant qu’on arrive à se faire plaisir avec une vieille voiture et un vieux pilote c’est parfait ! (Rires) Je suis un peu comme De Meyer ou Delecour qui courent toujours, c’est la passion pour eux aussi.
Rallye – Infos : Vous avez de nombreuses années de course, quel serait votre meilleur souvenir ?
Jean Michel Chol : Il y en a plein ! Le meilleur souvenir est peut-être aussi le plus mauvais en définitive ! Ce fut mon premier scratch en National au Rallye Grasse – Alpin 1995 avec le décès de Thierry Renaud sur l’épreuve. Au final je pense que le meilleur souvenir c’est Rallye National Antibes – Azur 2000 qu’on a gagné avec ma fille Christel, c’est un beau souvenir.
Rallye – Infos : Puis en 1996, il y a eu un certain Daniel Elena !
Jean Michel Chol : Et oui au Grasse Alpin j’avais Daniel à mes côtés puis on connait la suite pour Daniel. Nous sommes amis avec Daniel, on aime les Simca !
Rallye – Infos : Comment jugez vous l’évolution des rallyes ?
Jean Michel Chol : L’évolution des rallyes ? Et bien il y a tant de choses à dire ! Déjà au niveau de la mentalité ça a vraiment changé car aujourd’hui c’est chacun pour soi, moi j’ai toujours dépanné les adversaires. J’ai toujours eu cette mentalité d’aider et vu que le rallye coute cher on est content d’être à l’arrivée et de voir les autres aussi. Certains se prennent pour des autres et heureusement papa et maman sont là, ils devraient un peu redescendre sur terre aussi !
Après, au niveau réglementation ça va pas toujours dans le bon sens. Par exemple prenons les harnais de sécurité, j’ai eu une réponse pourquoi nous devons les changer c’est parce qu’avec les rayons de soleil les ceintures se détendent ! Franchement, nos voitures passent 11 mois sur 12 dans les garages et on en est là. J’interdirais aussi les vitres avec les petits carrés car avec ce système et une auto dans un trou, plus personne sort. Bref j’ai l’impression qu’on fait marcher un peu le commerce, un peu trop même !
Autre chose que j’essaye de faire passer avec mon ami Rémy Tosello que lorsque nous sommes stoppés depuis plus d’un quart d’heure au départ nous devrions pouvoir refaire la pression des pneus. Même en mondial ils le font et nous non. Bref, on a pris tout ce qui n’est pas bon du mondial et les bonnes choses non.
Enfin pour parler des jeunes, ça devient de plus en plus compliqué de sortir, les budgets sont devenus trop importants et je suis sûr que certains font des crédits pour ça…
Rallye – Infos : Pourquoi ne vous voit – on pas à la finale de la Coupe de France des Rallyes ?
Jean Michel Chol : La Coupe France je n’y vais jamais et je vois pas l’intérêt au niveau sportif d’y aller avec une petite voiture. On vous invite puis faut payer à part les grosses voitures, les autres on s’en fout. Sportivement aussi faudrait changer les récompenses en instaurant que ceux qui gagnent dans leur classe puissent être invités à faire le rallye de Championnat de France de leur région et celui qui gagne soit invité sur une manche mondiale par exemple. Enfin de vraies récompenses quoi. Puis ça coûte cher et je préfère faire un Antibes ou un Var à la place. Après demain quelqu’un me l’offre j’y vais mais avant toute chose je privilégie la ligue Côte d’Azur.
Rallye – Infos : Vous vous rendez compte que vous avez vraiment une grosse côte d’amour chez le public ?
Jean Michel Chol : Je pense que oui, je me doute que les gens m’apprécient. Je le vois au bord des routes, au départ des spéciales je connais beaucoup de monde et je pense être apprécié. Je sais que les gens m’attendent même si on est un peu loin au classement maintenant. Puis j’essaye de faire plaisir, je me dis toujours tant que tu ne vois pas les spectateurs bouger c’est qu’au lieu de mettre la 3 tu peux mettre la 4… (rires)
D’ailleurs, j’ai une anecdote, j’ai monté la première Simca de Daniel Elena. Je cherchais deux baquets d’origine j’appelle un vendeur sur Auxerre en lui disant je monte pour deux baquets, vous me les envoyez. Le vendeur n’était pas vraiment d’accord puis il me demande comment je m’appelle, je réponds Chol. Tu t’appelles Chol, vous déconnez, il pensait que c’était un ami à lui qui lui faisait une farce il découpait tous les articles avec moi dedans et il me suivait depuis des années il ne me croyait pas que ce soit moi au téléphone. C’est rigolo de se dire que même à Auxerre des gens me suivent et me connaissent.
Rallye – Infos : Puis l’aventure continue avec Christel qui prend elle aussi le volant maintenant…
Jean Michel Chol : Oui, Christel a commencé fort pour son premier rallye avec deux tonneaux par l’avant, je suis plus inquiet quand c’est elle qui roule. Moi je suis inquiet avant de monter dans la voiture après c’est fini. L’essentiel c’est rouler et se faire plaisir par passion. Christel s’amuse c’est l’essentiel. Et moi j’ai la chance d’avoir aussi Lionel Giorsetti et Céline Cavallaro à mes côtés, mais Christel continue de rouler avec moi. Quand elle roule j’ai ma voiture, j’ai la sienne, les remorques et c’est une logistique, mais j’ai de la chance d’être à la retraite autant dire que je ne chôme pas. Dans la saison j’ai 13 rallyes et 13 week ends de reconnaissance donc 26 week-end de pris. J’ai toujours à faire mais moi ça me plait ça permet de rester jeune. Puis ça se passe en famille chez nous donc on partage la passion et des bons moments, c’est le plus important !
Rallye – Infos : Un dernier mot avec vos partenaires…
Jean Michel Chol : Depuis trois ans, Robert Huet qui nous donnait un gros coup de pouce et malheureusement il est décédé cette année et je lui rends hommage. J’ai Bertomieux qui m’aide aussi et qui court en BMW en VHC et Vulco aussi. Je suis fidèle à la Simca et à Jean Pierre Gambo qui me fait mes moteurs et c’est grâce à lui qu’on fait de très bons résultats. Puis Intermat qui me règle les moteurs et puis il y a toute ma famille qui m’aide, on fait ça en famille comme à la belle époque.