Après presque un an d’absence, Éric Camilli revenait en Mondial sur le Monté Carlo avec de grosses ambitions. Au final c’est une troisième place en R5 mais première citroen pour le pilote Niçois et au-delà du simple aspect comptable pour le WRC2, ce Monté Carlo va lui servir de référence pour la suite de sa saison. Rencontre avec Éric qui revient avec nous sur sa course et sur sa future saison.
Rallye – Infos : Bonjour Éric, comment as-tu vécu ce Monté Carlo et comment as-tu vécu cette course ?
Éric Camilli : Au final je suis satisfait que l’on marque les points de la troisième place en WRC2, c’était important de marquer des points pour débuter le championnat, important pour Citroën aussi. Sur le plan comptable c’est une bonne chose, maintenant c’est sûr que j’en attendais un petit peu plus mais je me suis mis dans le rythme un peu trop tard. je n’ai pas roulé depuis presque un an, j’ai fait que deux spéciales en Sardaigne et je ne pensais pas que le manque de roulage était aussi dur à compenser. En fait on voit que dans les trois premières spéciales je ramasse clairement et tout le retard que je cumule est compliqué à rattraper ensuite. Vous êtes dans un entre deux.
Après on a essayé de pousser sur la neige le samedi matin ce qui a fonctionner pour remonter Adrien Fourmaux et être en bagarre le Dimanche. Malheureusement on a ensuite connu quelques péripéties.
Rallye – Infos : Tu avais annoncé que tu espérais qu’il y aurait match avec Mikkelsen, au final tu n’es pas trop déçu ?
Éric Camilli : Bien évidement, j’espérais qu’il y aurait match. Je connais Mikkelsen du WRC et je connais sa valeur. Mais après un an sans rouler c’est un peu comme un joueur de football qui ne s’entraine pas durant un an et qui revient sur un terrain, le début de match est compliqué à ce niveau. Et là dans la première spéciale il me manquait les automatismes, tu vois sur deux ou trois virages au lieu de prendre l’embrayage je prends les freins et je manque de caler. Bref… Puis tu as la notion de vitesse que tu perds un peu aussi, la notion de prise de risque et le feeling de danser avec la voiture qui disparait un peu. Je ne mesurais pas qu’une saison sans rouler serait un tel handicap. Mais honnêtement je ne pense pas qu’on l’aurait battu car il était bien préparé et en pleine possession de ces moyens. Aussi Il ne faut pas se chercher d’excuses sur le manque de roulage. C’est un fait et je dois faire avec, j’ai essayé de faire au mieux à l’instant « T » et j’avais de bonnes dispositions. Le gars a été très solide et la course a été ainsi. il faut l’accepter et se concentrer sur les prochaines manches maintenant sans tortiller.
Rallye – Infos : Après Mikkelsen était intouchable sur ce Monté Carlo et beaucoup de monde a pensé que sa connaissance des Pirelli avait fait une grosse différence. Tu en penses quoi surtout tu as pensé quoi de ces nouveaux « Pirelli » ?
Éric Camilli : Alors moi les pneus j’en ai pensé du bien honnêtement. Je n’ai pas eu de crevaison et franchement c’était pas mal. Après c’est sûr que le jeudi soir sans shakedown et sans expérience sur le pneu avec l’équipe on était un peu perdu, et Mikkelsen nous a tué d’entrée car je suis parti avec un choix qui sur le papier paraissait intéressant mais à conduire était une catastrophe et au final, j’étais à l’aise ni sur le sec ni sous la pluie ou la neige.
Rallye – Infos : Et du côté des choix ça a dû être l’enfer, un peu comme ce Monté Carlo que tout le monde a dit être très compliqué à aborder avec de la neige, de la glace, des changements incessants, tu en as pensé quoi ?
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Éric Camilli : Il y a eu un petit peu de tout, ce n’était pas évident à gérer et il y avait moyen de faire des erreurs, il y avait moyen de crever mais dans l’ensemble c’était un beau Monté Carlo. Alors ce fut un peu difficile dans le sens où nous avons eu un peu toutes les conditions mais c’était agréable et c’est là qu’on peut voir que la Citroën C3 a encore bien tiré son épingle du jeu avec des temps sympa !
Rallye – Infos : Tu nous fais la transition c’est parfait car on va parler maintenant de la C3 rebadgée Rally2, qu’as-tu pensé de ses évolutions et de son comportement ?
Éric Camilli : En fait sur le Monté Carlo on n’avait pas réellement d’évolutions. Elles arriveront très prochainement, là c’était à peu près la même voiture que j’avais la saison dernière au Monté Carlo. On avait de petites évo à droite à gauche et la voiture a super bien marché, elle s’est montrée très compétitive même si nous avons un peu manqué de reglages adéquates dans le faible grip.
Mais dans l’ensemble la voiture a été capable de faire de super temps. Je me suis vraiment régalé avec la C3 Rally2.
Rallye – Infos : La suite c’est quoi pour toi en 2021 ?
Éric Camilli : Et bien on va essayer de faire un programme complet en WRC2, donc la prochaine course on verra si c’est Croatie ou Portugal. En fait l’objectif est de faire un minimum de cinq courses en WRC2. Mais il serait cool que je puisse rouler sur d’autres rallyes entre les épreuves mondiales pour mieux se préparer. Au Portugal ce sera mon retour sur terre après presque deux années sans avoir roulé sur cette surface à part les deux spéciales de Sardaigne donc ça risque d’être de nouveau compliqué. Après faut pas que je me focalise non plus sur le fait que si je ne roule pas ça va être compliqué. Le Monté Carlo m’a remis dans le rythme. Ce n’est pas une excuse pour être derrière. C’est ce sport qui veut ça parfois, il faut essayer d’être le meilleur d’autant qu’avec Citroen et Sports and You je suis dans de très bonnes dispositions.
Rallye – Infos : Pourquoi pas en Championnat de France ?
Éric Camilli : Mais avec grand plaisir ! Après c’est toujours une notion de budget et j’espère justement qu’on trouvera des arrangements avec Citroën et le team Sports and You. Alors pourquoi pas mais déjà j’ai un beau projet entre les mains, une bonne voiture, une bonne équipe alors on va porter ce projet jusqu’au bout.
Rallye – Infos : Oui avec une envie sur le moyen et le long terme non ?
Éric Camilli : Je suis ambitieux et je ne lâcherai pas. J’ai commencé les rallyes très tard, j’ai 33 ans mais avec un nombre de courses au final pas si important peut être 65 ou 66. Donc pour moi le plus gros est devant.
Jai eu la chance d’aller en WRC d’avoir été vice-champion WRC2, d’avoir développer plusieurs R5 et 2 WRC.
Tout ce package plus ce projet 2021 me donne vraiment envie de me dépasser et vivre ma carrière à 200%. Bien sûr mon premier objectif est de rester officiel et être compétitif le plus longtemps possible que ce soit en WRC2 ou en WRC1 si la conjoncture le permet.
Vous savez Tout change vite dans ce monde et il n’est jamais trop tard pour évoluer et gagner en vitesse en maturité et saisir des opportunités. L’âge n’est pas une limite et je l’ai prouvé par le passé. Personne n’aurait pu penser qu’il était possible de démarrer à 25 ans et signer pro officiel Toyota a 27 ans en sortant de nul part. Donc comme quoi on ne sait pas ce que l’avenir réserve. C’est ma carrière elle est ainsi et je me donne les moyens d’y croire.
En tout cas pour le moment je suis très bien chez les rouges alors je profite de cette top expérience et cette forte relation pour faire le maximum pour 2021 et ainsi construire l’avenir.
Rallye – Infos : Merci Eric et à très vite sur le site.