Si on vous dit BMW M3 blanche et bleu avec le nom Car 3001 sur les côtés, tout le monde dira immédiatement Dominique De Meyer et les souvenirs des grandes heures du rallye vont revenir. De la Renault R5 Maxi à la 206 WRC, Dominique revient avec nous sur sa fabuleuse carrière qui continuera en 2021… Rencontre avec un authentique passionné, rencontre avec Mr Dominique De Meyer.
Rallye – Infos : Bonjour Dominique, avant toute chose merci de répondre à nos questions. Depuis 2018, tu ne roules plus pourquoi une si longue absence ?
Dominique De Meyer : Bonjour, j’ai décidé de me séparer de la 206 WRC car c’est devenu compliqué de la faire rouler, ça devient cher de la faire rouler et les pièces sont compliquées à trouver. La 206 WRC est une voiture performante mais dépassée face aux toutes nouvelles R5. Je ne l’ai toujours pas vendue mais j’ai commandé la nouvelle Alpine RGT comme cela la boucle est bouclée j’ai commencé avec une Alpine et je termine avec une Alpine. Parallèlement j’ai refait la 206 WRC à neuf afin de la vendre en état de collection et c’est un budget. Donc voilà depuis 2018 je ne suis plus sur les spéciales mais en 2021 je serai de retour.
Rallye – Infos : Pourquoi ce choix de l’Alpine ?
Dominique De Meyer : L’Alpine est dérivée de la série et ne coûte pas cher en entretien. Puis je suis monté avec François Delecour je me suis fait peur tellement ça va vite. Je veux faire plaisir maintenant et l’Alpine me rappelle la Kadett et la BMW M3, ils en ont vendu 23, au départ c’était prévu d’en faire 20, la mienne ne devrait pas tarder à arriver.
Rallye – Infos : Donc en 2021, on va te revoir sur les spéciales !
Dominique De Meyer : Oui je vais faire des rallyes dans le coin, l’Alpin, l’Antibes, le Var ou encore le Cigalois. Puis je ferai des rallyes en corse car je suis originaire de l’île. Pour moi à mon âge j’ai envie de me faire plaisir sans me prendre la tête puis il y a les jeunes qui poussent derrière et je suis sur la fin alors je viens pour le plaisir. Je peux plus lutter contre les jeunes, je roule donc pour me faire plaisir et vivre dans un monde un peu à part l’espace d’un week – end car le rallye c’est ma passion.
Rallye – Infos : En parlant de voitures, quelle est celle qui te laisse le meilleur souvenir ?
Dominique De Meyer : La BMW M3 ! Car c’est une voiture extraordinaire, j’ai eu aussi la R5 Turbo Maxi avec laquelle Jean Ragnotti a gagné en Corse, j’ai eu la version « Tour de Corse », la version « Cévennes ». Puis il y a eu la Mégane qui a été compliquée à appréhender au début puis j’ai eu la dernière sortie d’usine et c’était mieux. Puis il y a eu la Toyota Corolla WRC qui était une belle auto première mais c’était une version pas très poussée. Enfin il y a la 206 WRC et la 307 WRC qui ont eu des fortunes diverses mais ce sont des voitures très performantes. Alors j’ai eu de belles voitures mais je n’ai pas de fortune personnelle, j’ai juste eu la chance d’arriver à une époque où les sponsors s’investissaient tout comme les concessionnaires. Avant le sport automobile était plus médiatisé et les retombées médiatiques faisaient qu’il y avait des sponsors c’était plus facile qu’aujourd’hui.
Rallye – Infos : Mais au fait Dominique de Meyer en chiffres ça donne quoi ?
Dominique De Meyer : Alors ce sont 127 victoires ! Quand je dis ça je me fais peur on dirait que je passe pour un ancien ! (rires) J’ai commencé à 18 ans et un mois avec une Porsche 911 S ! Puis je suis vite passé à l’Alpine. je n’avais pas le talent mais j’avais la motivation. Je ne regrette pas d’avoir été amateur. Car si j’avais été un professionnel je ne sais pas si ça aurait marché. Je ne regrette rien je me suis fait plaisir.
Rallye – Infos : Quel est ton meilleur souvenir ?
Dominique De Meyer : J’ai eu des succès et des défaites comme tout le monde. Alors paradoxalement ce n’est pas une victoire mais c’est ma cinquième place à l’Alpin 1984 qui était en Europe cette année-là. Je finis derrière Ragnotti, Toivonen, Fréquelin et Auriol et devant Darniche et c’est une fierté pour moi. Puis il y a le Tour de la Réunion que j’ai gagné deux fois. La première fois que j’y suis allé je me suis dit on y va un peu comme en vacances et pas du tout c’est un rallye dur, long et exigeant, alors le gagner deux fois reste un bon souvenir, comme mes deux victoires à la Coupe de France des Rallyes. Mais si je devais en garder un, ce sera ma cinquième place à l’Alpin 1984 qui faisait 400 kms.
Rallye – Infos : Qu’est ce qui fait encore courir Dominique De Meyer aujourd’hui, la passion mais comment tu la formalises ?
Dominique De Meyer : La passion du Rallye ? Déjà c’est le plaisir de préparer le rallye, les reconnaissances. Quand je suis en reconnaissance dans le respect du code de la route bien-sûr je suis bien, ce qui me va c’est la pression de la préparation. Et puis la veille d’un rallye je flotte, je suis comme sur un nuage. Puis quand tu es au départ il y a l’adrénaline et quand le décompte arrive à zéro tu pars tu penses plus à rien tu es un peu dans un état second. C’est l’adrénaline et à la fin du rallye je ne suis pas bien. C’est un peu comme une drogue quand c’est fini tu es en manque. Ce n’est même pas la conduite c’est tout ce qu’il y a avec le rallye que j’aime. Puis je vais au bord des routes quand je ne roule pas, j’adore être et voir les voitures passer.
Rallye – Infos : Comment juges-tu l’évolution des rallyes ?
Dominique De Meyer : Le rallye a vraiment changé mais je ne suis pas adepte du : « c’était mieux avant ». Pour faire un résumé je pense qu’avant le rallye c’était comme les 24 H du Mans et qu’aujourd’hui c’est un grand prix de F1. Avant, des spéciales faisaient plus de 100 kilomètres comme en Corse. Avant c’était dur physiquement comme lors de l’Alpin 1981 avec plus de 800 kilomètres de spéciales. Je ne vais pas dire donc c’était pas mieux avant. Pour ma part je suis plus diésel alors je préfère un rallye plus long comme un national qu’un régional. Le rallye a changé c’est sûr mais c’est toujours aussi beau.
Rallye – Infos : Dominique tu as conscience d’être un pilote reconnu après toutes ces victoires et ces saisons ?
Dominique De Meyer : Je sais que je suis connu car je fais partie des meubles. (rires) La BMW M3 avec le sponsor « Car 3001 » a fait beaucoup c’est vrai mais on me parle aussi énormément de ma première victoire avec la R5 Turbo au rallye d’Istres mais je ne m’en souviens pas. Le contexte oui mais la victoire en elle-même pas du tout.
Rallye – Infos : Dominique on va passer à des petites questions/réponses. On va savoir ce que tu aimerais faire ou ce que tu aurais changé dans ta carrière. Dominique, quel rallye rêverais-tu de faire ?
Dominique De Meyer : Je n’ai pas la réponse, c’est une bonne question. Bon allé un rallye qui m’a toujours fait rêver c’est la Finlande avec sa terre et ses bosses. Bon je pense que suis capable de le finir mais en arrivant le lendemain de l’arrivée. (rire)
Rallye – Infos : Quelle voiture rêverais-tu de piloter ?
Dominique De Meyer : L’Audi Quattro S1 car elle m’impressionnait, c’était monstrueux, une auto fantastique.
Rallye – Infos : Que changerais-tu dans ta carrière ?
Dominique De Meyer : Mes mauvais choix de voiture comme la R21 Turbo ! J’ai vendu la Maxi 5 pour cette R21 Turbo ! C’était la pire des voitures que j’ai eu quand je l’ai construite elle m’avait couté le prix de la Maxi 5. Puis elle était laide franchement. Comme l’avait dit Colin Chapman pour qu’une voiture soit rapide avant toute chose elle doit être belle… (rires)
Rallye – Infos : Si tu avais 20 ans aujourd’hui ?
Dominique De Meyer : Si j’avais vingt ans aujourd’hui, je ferai un autre sport comme de la planche à voile même si je ne sais pas en faire du tout ! Avant il y avait des sponsors, aujourd’hui le rallye pollue, ça fait du bruit et c’est dangereux. Le rallye ça intéresse moins de monde pour que les partenaires soient intéressés il doit y avoir des échanges professionnels. Aujourd’hui pour qu’un jeune puisse rouler il faut des moyens et des mécènes. Moi j’ai eu la chance qu’à mon époque les sponsors nous suivaient. Ça se sent qu’il y a moins de motivation de partout. Par exemple Didier Auriol que je connais bien il a eu la chance d’avoir un gars qui l’a aidé. Il s’est ruiné mais il a réussi à lancer Auriol sinon il n’aurait jamais été Champion du Monde.
Rallye – Infos : Quelle est ta plus belle spéciale ?
Dominique De Meyer : Ce n’est pas une d’ici, c’est pas dans le Sud. C’est une spéciale du Rallye du Forez qui faisait plus de 25 kms ! C’est la spéciale magnifique, d’ailleurs c’est un très beau rallye avec des spéciales comme Bas en Basset – Saint Hilaire ou Marnac – Kubsac…
Rallye – Infos : Pour finir que changerais-tu dans les rallyes ?
Dominique De Meyer : Je serai pour revenir sur des spéciales plus longues et éviter de passer deux ou trois fois dans la même spéciale. Mais aujourd’hui c’est plus possible avec la sécurité. Il faut que ce soit plus court pour la sécurité et les riverains. Je changerai la réglementation pour les pneus ! Moi je n’ai jamais compris qu’on doive les changer autant. On devrait avoir un train de pneus pour le rallye car c’est le plus gros budget !
Rallye – Infos : Un grand merci Dominique pour le temps que tu nous as accordé et à bientôt sur les spéciales.